“Je tairai tout ce qui survint au reste de mon voyage, de peur d’être aussi longtemps à le conter qu’à le faire” / “I’ll keep silent about everything that happened on the rest of my journey, lest I be as long in telling it as I was in doing it” / “Guardaré silencio sobre todo lo que sucedió el resto de mi viaje, no sea que me demore tanto en contarlo como demoré en hacerlo”
Les états et empires de la Lune, Cyrano de Bergerac, vers 1649 : huit théories astronomiques et mécaniques du XVIIIe siècle racontées par des objets.
“Je tairai tout ce qui survint au reste de mon voyage, de peur d’être aussi longtemps à le conter qu’à le faire”.
“.. je m’imagine que la Terre tourne, non point pour les raisons qu’allègue Copernic, mais pour ce que le feu d’enfer étant enclos au centre de la Terre, les damnés qui veulent fuir l’ardeur de la flamme, gravissent pour s’en éloigner contre la voûte, et font ainsi tourner la Terre, comme un chien fait tourner une roue, lorsqu’il court enfermé dedans”.
Les états et empires de la Lune, Cyrano de Bergerac, vers 1649.
“… les yeux noyés dans ce grand astre [la lune], tantôt un autre s’écriait que ce pourrait bien être le soleil lui-même qui, s’étant au soir dépouillé de ses rayons, regardait par un trou ce qu’on faisait au monde quand il n’y était plus.”
Les états et empires de la Lune, Cyrano de Bergerac, vers 1649.
“Monsieur, lui répondis-je, la plupart des hommes, qui ne jugent que par leur sens, se sont laissés persuader à leurs yeux; et de même que celui dont le vaisseau navigue terre à terre croit demeurer immobile et que le rivage chemine, ainsi les hommes tournant avec la Terre autour du ciel, ont cru que c’était le ciel lui-même qui tournait autour d’eux. Ajoutez à cela l’orgueil insupportable des humains, qui leur persuade que la Nature n’a été faite que pour eux…”.
Les états et empires de la Lune, Cyrano de Bergerac, vers 1649.
“… quand nous voulons dormir (à cause des excès d’amour trop continus qui nous affaiblissent nous avons besoin de repos) nous lâchons à la campagne d’espace en espace vingt ou trente de ces oiseaux attachés à une corde, qui prenant l’essor avec leurs grandes ailes, déploient dans le ciel une nuit plus large que l’horizon.”
Les états et empires du Soleil, Cyrano de Bergerac, vers 1649
“… les logis sont de bois, et sont percés au centre d’une grosse et forte vis, qui règne de la cave jusqu’au toit, pour les pouvoir hausser ou baisser à discrétion. Or la terre est creusée aussi profonde que l’édifice est élevé, et le tout est construit de cette sorte, afin qu’aussitôt que les gelées commencent à morfondre le ciel, ils descendent leurs maisons en les tournant au fond de cette fosse, et se tiennent à l’abri des intempéries de l’air.”
Les états et empires de la Lune, Cyrano de Bergerac, vers 1649.
“.. quand je vins pour leur aider à lever l’ancre, je fus bien étonné d’apercevoir qu’au lieu d’un gros câble qui la devait soutenir, elle n’était pendue qu’à un brin de soie aussi délié qu’un cheveu. … cette corde ne se rompait point pour que ce qu’ayant été filée très égale partout, il n’y avait pas de raison pourquoi elle dût se rompre plutôt à un endroit qu’à l’autre…”
Les états et empires du Soleil, Cyrano de Bergerac, vers 1649